Comme je vous le disais, je souhaite aussi utiliser ce blog pour faire connaître les œuvres que je découvre et qui m'ont touchées. Ainsi, mon antique passion pour les mangas ne s'est pas encore tarie, bien que je préfère largement les seinen manga... Je viens de me plonger dans la lecture d'une nouveau titre traduit qui m'a séduite et m'en vais vous en faire part !
Parmi les mangas publiés au Japon dans le magazine mensuel Jump Square, Kazé a jeté son dévolu sur la série d’Hajime KAZU, Luck Stealer. Pour l’instant, seul le premier tome est disponible en français alors que sept volumes sont édités sur l’archipel. Avec son héros au regard de glace, qui fond à la vision de la frimousse de sa fillette adorée, et ses sujets sur la société à la dérive, cette série est promise à un bel avenir !
Yûsei Kurusu est un jeune papa de 26 ans doté d’une malédiction l’obligeant à une vie marginale. Dès son plus jeune âge, il a vu mourir tous ses proches dans d’atroces accidents. Orphelin, il s’est retrouvé confronté à la méchanceté des autres enfants dans le pensionnat où il fut recueilli. Curieusement, tous ceux qui lui voulaient du mal et le tabassaient finissaient par mourir, si bien qu’on le traita de démon. Il comprend que, lorsqu’il touche qui que ce soit de ses mains nues, il absorbe sa « chance » au point que le moindre incident devient alors mortel pour sa proie, tandis que rien de fâcheux ne peut plus lui arriver, quelques soient les folies auxquelles il se livre.
Désespéré par ses étranges pouvoirs, il finit par trouver un peu de réconfort en entrant dans une bande de motards où sa réputation de forte tête lui permet de se sentir enfin chez lui. Devenu une racaille, il décida d’utiliser son don pour la castagne et pour commettre des délits. Plongeant peu à peu dans l’univers de la pègre, un événement vint heureusement l’empêcher de sombrer totalement.
En se recueillant sur le lieu où l’un de ses rares amis est mort à cause de la malédiction, il fit la connaissance de sa future femme. Malheureusement, celle-ci décède peu après la naissance de leur fillette Karin, alors qu’il découvre que sa petite est elle aussi maudite. Totalement dépourvue de « chance », elle ne parvient à survivre que si son père lui en transmet régulièrement. Obligé de voler la force de vie de ses semblables, le badboy devient alors tueur professionnel. Toutefois, sa morale l’oblige à n’assassiner que les pourris…
Ligne de chance, ligne de vie
Yûsei est pris dans un cercle vicieux et cherche par tous les moyens à trouver une nouvelle solution pour sauver sa précieuse petite. Son âme torturée est perpétuellement masquée par un visage fermé. Malgré l’indifférence qu’il affiche face à ses victimes, il conserve une grande part de bonté. Si Light de DeathNote s’est positionné en tant que justicier dans le seul but de flatter son ego, le héros de Luck Steal est bien plus scrupuleux, même s’il a parfaitement conscience de ne pas agir sainement. Il va aider de nombreuses personnes en dehors de ses contrats.
Traumatisé par son enfance malheureuse, il sait d’autant mieux détecter la détresse des autres. C’est à travers ces épisodes, pour lesquels le mangaka n’hésite pas à montrer crûment la violence des hommes, que le lecteur est le plus interpellé. Notamment, ceux mettant en scène un gamin maltraité ou un inspecteur scrupuleux. Contraste entre un pro de la baston désabusé et une âme naïve de gosse vieilli trop vite, Yûsei est bien le « dieu » justicier qu’il refuse d’être, incapable de résister à son cruel destin…
Association
de mal(bien)faiteurs
Autour de ce héros totalement craquant gravitent plusieurs beaux mâles pas toujours très fréquentables. Si Nakatô est un « agent » toujours tiré à quatre épingles, il semblerait qu’il ait choisi de ranger sa panoplie de tueur pour profiter des capacités forts utiles de Yûsei. Moins sensible que ce dernier, il cherche cependant à lui trouver des contrats sur mesure.
Les ennuis ont certainement plus de chance de venir de l’esprit déformé du « jeune maître » Shinya Amasaki. Ce sexy yakusa, manipulateur né, s’est pris d’intérêt pour son cadet de cinq ans du temps où ils formaient une équipe de choc. Totalement incontrôlable lorsqu’une envie de meurtre le prend, le sourire aux lèvres, Yûsei est son garde fou. Espérant être aidé par une étrangère, à la quête proche de la sienne, notre héros traverse son destin de justicier malgré lui en maudissant son sort, la peur au ventre de perdre ce qu’il a de plus précieux à ses yeux tout en étant obligé de risquer sa vie à tout instant.
Sensible et graphiquement mature, la cinquième œuvre de Hajime KAZU est un vrai plaisir à lire. Ne sombrant pas dans le sordide, sans pour autant faire l’écho des shônen nekketsu, elle reste simple. Distillant des histoires difficiles avec pudeur et sans exagération, on lui pardonne certains passages un peu mièvres. Chaque épisode ne s’éternise pas et offre une intrigue sans cesse en mouvement, qui n’est pas sans rappeler la saveur d’un polar fantastique. Contenté par chaque chapitre, le lecteur est titillé juste ce qu’il faut pour attendre la suite avec envie et intérêt. Le dessin clair et efficace n’est peut-être pas d’une grande virtuosité, mais possède un bon rythme et maîtrise l’économie de moyens, un peu à la manière de Blood Alone (le Lolita Complex moins marqué cependant !).
Je ne saurais donc trop vous inciter à vous plonger dans la lecture de Luck Stealer. Une version in english proposant les premiers chapitres est disponible sur le site City Manga ici, en attendant la suite de la traduction française !